Le supplément de loyer solidaire suspendu

Des habitant·e·s ont reçu en septembre un courrier pour les informer d’une application du Supplément de Loyer de Solidarité (SLS), dit également surloyer, à partir du 1er janvier 2021. Ainsi les locataires concernés se voyaient en plus de l’application du SLS dès leur prochaine quittance de loyer, soumis à un rattrapage de 21 mois.

Cette situation nouvelle plaçait les habitant·e·s dans une situation financière dramatique.

En plus de l’inflation et de l’explosion des prix de l’énergie, en particulier gaz et électricité, une part des audonien·ne·s se trouvaient contraint de payer un surloyer, avec rétroactivité au 1er janvier 2021, sans avertissement antérieur de votre part. Une dame témoignait ainsi se retrouver avec une augmentation de près de 550 euros par mois. Cette situation est scandaleuse.

Cette disposition du SLS a été mise en place par la loi Boutin de 2009 et annonce que « Tout locataire, dont les revenus dépassent les plafonds de ressources HLM, pourra être contraint de payer un surloyer. Mais la somme du loyer et du surloyer ne pourra pas être supérieure à 25% de ses ressources et ne devra pas excéder le prix du marché. »

Avec désormais un plafond à 20 %, cette mesure recentre l’accès au logement social sur les populations les plus fragiles, conformément aux directives européennes. Cependant, une telle démarche conduit, dans le même temps, à chasser les classes moyennes du parc social, en refusant, de fait, toute mixité sociale, principe fondateur du logement public.

Alors que le programme local de l’Habitat de Plaine commune a permis de préserver les audonien·ne·s de cette disposition pendant 12 ans, la loi égalité et citoyenne vient désormais renforcer les dispositions de loi Boutin en réduisant les exonérations possibles.

On passe ainsi de 97 % du territoire de Plaine commune exonéré du SLS à aujourd’hui seulement les quartiers prioritaires de la ville et ceci alors que notre territoire a été parmi les premières victimes de la crise sanitaire et de la crise sociale.

Face à cette situation le groupe municipal « A gauche ! » de Saint-Ouen, a interpellé par courrier le président de la SEMISO, Karim Bouamrane, et le président de plaine commune, Mathieu Hanotin sur l’application du surloyer et a émis des propositions afin d’étendre l’exonération de ce dispositif en modifiant du programme local de l’habitat intercommunal. À l’image de l’établissement public territorial Est ensemble, nous proposons de modifier le programme de l’Habitat de Plaine commune, voté le 28 juin 2022, afin d’y intégrer des secteurs d’exonérations du SLS pour le parc HLM.

En plus des quartiers politiques de la ville, nous proposons que soit exonérée la zone géographique de 300 m autour de ces quartiers. Cette proposition se fait en cohérence avec la bande de 300 m autour de ces mêmes quartiers permettant de favoriser l’accession sociale à la propriété avec l’application de la TVA à taux réduit afin de favoriser la mixité sociale.

La seconde proposition de modification est d’exonérer du SLS les sections cadastrales comportant au moins 10 % de logements potentiellement indignes.

Ces propositions ont été validées par la préfecture elle-même lors du vote du programme local de l’Habitat à Est ensemble.

A la réception de ce courrier le président de la SEMISO s’est engagé à suspendre l’application du surloyer et à interpeller le président de plaine commune à son tour afin d’exiger la modification du programme local de l’habitat intercommunale.

Cette première victoire est due aux élus mais également à la mobilisation des locataires et amicale de locataires.

Comme élue du groupe A Gauche ! je reste mobilisé pour que ces demandes de modifications du programme local de l’ habitat trouvent une issue positive à plaine commune et que le logement public reste le bien de toutes et tous!

Vous trouverez le courrier du groupe « A Gauche » ci-dessous:

Saint-Ouen: Le défi du logement social

La question du logement préoccupe une grande part des Audoniennes et des Audoniens. Sur ce sujet les associations de locataire jouent un rôle essentiel sur la ville pour améliorer les conditions de vie des locataires et défendre leurs droits. Dans ce sens, leur expertise est essentielle pour définir les politiques publiques les plus à même de répondre aux besoin.

Au mois de décembre et janvier, les mécontentements se sont exprimé fortement, et ils continuent de s’exprimer, chez les locataires de la SEMISO. Les coupures de chauffage, d’eau chaude tout comme les pannes d’ascenseurs sont des problèmes que les locataires rencontrent de façon récurrente sur le parc social mais également. Les témoignages en plein hiver sur l’absence de chauffage pendant parfois plus d’un mois fleurissent de toute part dans la ville. Il en est de même concernant les pannes d’ascenseurs à répétition depuis 2 ans.

Les contrats d’entretien des ascenseurs, des chaudières mais également d’entretien des parties communes ne sont pas respectés par les entreprises que ce soit chez la SEMISO, Plaine Commune Habitat ou encore Seine-Saint-Denis Habitat laissant les locataires face à des charges fixes qui augmentent malgré un service non rendu et/ou une qualité de service peu ambitieuse.

Nous le savons et en avons l’expérience. Les contrats d’entretien des ascenseurs tout comme des chaudières par les société en place sont défaillants que ce soit à la SEMISO tout comme chez les autres bailleurs sociaux, lésant en premier lieux les locataires.

Nous avons besoin d’un travail collectif des bailleurs sur cette question pour promouvoir un véritable changement. Ce travail doit s’appuyer sur une forte capacité d’investissement dans l’entretien du patrimoine sociale afin de permettre à chacune et chacun de se loger dignement. Sur ce sujet, si je me félicite d’un gel d’augmentation des loyers, je m’interroge sur les capacités financières de la SEMISO pour permettre les travaux nécessaires dans les logements tout au long de l’année ?

Si les loyers n’augmentent pas aujourd’hui, comment garantir dans le même un gel de l’augmentation de l’énergie qui risque d’être répercuté sur les charges les années suivantes comme vient de le faire Plaine Commune Habitat à ses locataires?

L’ensemble de ces questions sont en lien avec le devenir de la SEMISO. Suite à l »appel en justice initié par la ville, le conseil d’État, le 7 janvier dernier, a confirmé l’annulation de la délibération de l’OPHLM concernant la vente des logements de l’OPHLM à la SEMISO. A cette décision de justice, s’ajoute celle a venir à l’initiative de l’État pour remettre en cause l’acte de vente entre l’OPHLM de Saint-Ouen et la SEMISO.

Cette complexité juridique laisse planer de nombreuses incertitudes sur le devenir des logements de l’OPHLM Saint-Ouen, tout comme sur la gestion des logements sociaux de la ville dans leur totalité.

Cette question juridique sur le devenir du patrimoine du logement social a Saint-Ouen doit être remis sur la table avec l’ensemble des actrices et acteurs afin de re faire naitre en place une véritable concertation qui a été si défaillante sous l’ancienne majorité dirigé par William Delannoy comme le montre la récente décision du conseil d’État.

Cette concertation est indispensable également sur les questions d’aménagement pour continuer de faire une ville pour toutes et tous aux portes de Paris.

Après 6 ans de droite, de bétonisation, de spéculation immobilière…notre ville est passée de plus de 40 % de logements sociaux à 33 % alors que, dans le temps, les besoins et les demandes de logements sociaux n’ont aucunement diminué.

Le logement social n’est pas une marchandise. C’est un droit. Un droit fondamental qui a été bafoué durant ces dernières années. Ne tombons pas dans les idées reçues qui font croire que le logement social est synonyme de pauvreté ! C’est faux !

Pour rappel, 70 % de la population en île de France est éligible aux logements sociaux. Or, aujourd’hui plutôt que d’aller dans le sens de la réponse des besoins, la droite Macronienne et la droite locale ont fait le choix de réduire ce nombre de logement sur notre territoire jusqu’à pointé du doigt les villes détenant plus de 40 % de logements sociaux, ou, pour le dire autrement, les villes qui ne détiennent « que » 60 % de logements privé.

Cette question du nombre de logements sociaux est d’autant plus forte sur notre ville que Saint-Ouen est la ville qui a connu la plus forte augmentation du prix du foncier jusqu’à en faire la ville qui le prix du m2 le plus cher de plaine commune avec 6500 euros le m2 en moyenne. Ce chiffre peut atteindre les 10 000 euros du m2 sur certains biens et la tendance n’est pas à la chute des prix de l’immobilier sur notre ville.

Je me félicite de la mise en place des bails réellement solidaires qui permettent de découpler le foncier du bâti permettant ainsi à la collectivité de rester propriétaire du foncier et de vendre le bâti afin de permettre une accession sociale à la propriété. Ce dispositif mis en place par Ian Brossat, adjoint au logement de Paris, a déjà montré son efficacité.

Cependant j’ai peur que ce seul dispositif ne puisse à lui seul aider à maintenir le prix du foncier pour que Saint-Ouen reste une ville où chaque catégorie professionnelle peut vivre. Nous devons dans le même temps redonner toute sa place aux logements sociaux sur notre territoire.

Les 25 % annoncés dans le village des jeux olympiques, tout comme les démolitions de logements sociaux annoncés dans le cadre de l’ANRU ne vont pas dans ce sens.

Si certes 510 logements sociaux vont être reconstruits sur la ville ceci ne saurait compenser les 231 logements sociaux démolis au Vieux Saint-Ouen, les 246 logements sociaux démolis à Cordon et 200 logements sociaux démolis aux Bouts en trains. Outre le nombre peu élevé de logement sociaux qui seront reconstruits, je serai vigilante quand à leur nature.

Nous ne doutons pas que les politiques nationales en place vont dans le sens contraire mais c’est un élément indispensable pour faire reculer la gentrification qui pousse une partie des habitants de notre ville à partir et faire vivre la diversité qui fait la richesse de Saint-Ouen.

Saint-Ouen doit rester à taille humaine, où il fait bon vivre.