Lancement de l’observatoire de la mixité sociale et scolaire des collèges de Seine-Saint-Denis

La Seine-Saint-Denis se dote d’un outil innovant pour lutter contre l’évitement scolaire et promouvoir la mixité sociale : l’Observatoire de la mixité sociale et scolaire des collèges. Inauguré ce 13 décembre 2024, en présence de personnalités qualifiées et de chercheurs reconnus, cet observatoire répond à une urgence sociale et éducative : améliorer les conditions d’accueil et d’apprentissage dans et garantir l’équité pour tous les élèves du territoire.

Collège Joséphine BAKER à Saint Ouen, photos de rentrée

Un projet ambitieux pour transformer nos collèges

Dès la rentrée 2024, dix collèges prioritaires ont été intégrés à ce dispositif pilote, avec pour objectif d’étendre ce programme à quatorze autres établissements dans un second temps. Parmi les mesures concrètes :

  • Amélioration des infrastructures : entretien et rénovation des locaux, embellissement des établissements.
  • Renforcement des dispositifs éducatifs : financement de projets pédagogiques et culturels par le Département, mise en place de sections d’excellence (linguistique, mathématique, sportive).
  • Gestion rigoureuse des absences : remplacement systématique des enseignants et agents absents, avec le soutien financier de l’Académie de Créteil.

La mixité sociale comme levier de réussite

Le constat est sans appel : 70 % des collèges de Seine-Saint-Denis ont un indice de position sociale (IPS) inférieur à 90, contre seulement 9 % à Paris. Cette disparité reflète une ségrégation sociale qui nuit à tous les élèves. Pourtant, les bénéfices de la mixité sont clairs : pour les plus fragiles, elle stimule une dynamique d’émulation ; pour les élèves à l’aise, elle offre une ouverture sur la diversité et n’entrave en rien leur parcours.

La réussite passe par un travail fin de rééquilibrage, établissement par établissement, ville par ville, pour convaincre les familles de faire ou refaire confiance à l’école publique.

Une gouvernance partagée et adaptée

L’Observatoire de l’attractivité et de la mixité scolaire repose sur un partenariat étroit entre le Conseil départemental et le rectorat de Créteil. L’objectif ? Disposer d’une « boussole » guidée par les données de terrain et les enseignements de la recherche.

Pour Julie Benetti, rectrice de l’académie de Créteil, il s’agit d’évaluer en temps réel les actions menées et de les ajuster si besoin. Quant à Stéphane Troussel, président du Conseil départemental, il insiste sur la nécessité de rendre le service public d’éducation « désirable », grâce à des établissements accueillants et des parcours d’excellence.

Une dynamique à amplifier

Avec l’objectif ambitieux d’améliorer l’attractivité de 40 collèges d’ici 2026, ce plan incarne une mobilisation collective inédite. Secteurs de recrutement, ajustements de la sectorisation, développement de l’offre éducative… tous ces leviers doivent être explorés pour assurer une réelle mixité sociale et scolaire.

Ensemble, nous devons relever ce défi pour offrir à chaque collégien de Seine-Saint-Denis un cadre éducatif à la hauteur de ses ambitions.

Membres du comité scientifique :

Marco Oberti, professeur des universités en sociologie, dont les travaux les plus récents portent sur les classes sociales et les inégalités urbaines et scolaires, abordées sous l’angle de la ségrégation.

Leïla Frouillou, maîtresse de conférences en sociologie, Université Paris Nanterre, elle est autrice de Ségrégations universitaires en Ile-de-France. Inégalités d’accès et trajectoires étudiantes (La documentation francaise, 2017)

Youssef Souidi, chercheur postdoctorant au CNRS et à Paris Dauphine – PSL, dont les recherches sont centrées sur les inégalités scolaires.

Annabelle Allouch, maîtresse de conférences en sociologie à l’Université de Picardie Jules-Verne (CURAPP-ESS). Elle est notamment l’auteure de Mérite (Anamosa, 2021) et Les Nouvelles Portes des grandes écoles (PUF, 2022).

Guillaume Huet, responsable de l’OPMIRE, Observatoire Parisien de la Mixité sociale et de la Réussite Educative.

Étienne Butzbach, Coordinateur du réseau mixités à l’école · Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco)

Magda Tomasini, Directrice de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance
Claire Mazeron, Inspectrice Générale

Thomas Leroux, Inspecteur Général

Patrice Durand, Direction Générale de l’Enseignement Scolaire

Bertrand Secher, Conseil de l’Evaluation de l’Ecole

Julien Grenet, directeur adjoint de l’Ecole d’Economie de Paris

Elise Huillery, économiste, professeure à Science Po et Paris Dauphine, spécialiste de l’économie de l’éducation

Les 10 collèges participants déjà au dispositif depuis la rentrée :

VilleNom du collège
AULNAY-SOUS-BOISPablo Neruda
CLICHY-SOUS-BOISLouise-Michel
ILE SAINT-DENISAlfred Sisley
LE PRE SAINT-GERVAISJean-Jacques Rousseau
MONTREUILJean Moulin
NOISY-LE-GRANDVictor Hugo
PANTINIrène et Frédéric Joliot Curie
SAINT-DENISElsa Triolet
SAINT-OUENJoséphine Baker
VILLEPINTEJean Jaurès

Les 14 collèges qui vont rejoindre le dispositif :

VilleNom du collège
AUBERVILLIERSGisèle Halimi
AUBERVILLIERSRosa Luxembourg
AUBERVILLIERSHenri Wallon
LA COURNEUVEJean Vilar
LA COURNEUVE4e Collège
LE BLANC MESNILRené Descartes
MONTREUILOum Kalthoum
MONTREUILSolveig Anspach
NOISY LE SECFrançoise Heritier
PANTINJean Lolive
SAINT DENISHenri Barbusse
SAINT DENISIqbal Masih
SAINT OUENJules Michelet
VILLEMOMBLEJean de Beaumont

Ouverture du pont Louafi Bouguera 

Après des années d’attente, L’Île-Saint-Denis a inauguré ce samedi 7 décembre un nouveau pont, qui relie désormais notre ville à celle de Saint-Denis au niveau du Village Olympique et Paralympique des Jeux de Paris 2024. Un moment historique, teinté d’émotion avec la présence de la famille de Louafi Bouguera, athlète franco-algérien du début du 20ème siècle qui a donné son nom à cet ouvrage imaginé par les architectes Thomas Lavigne et Cécilia Amor, ainsi que Brigitte Philippon et l’équipe Artelia.

Louafi Bouguera ! Son nom rend hommage au premier Franco-Algérien médaillé d’or olympique à l’épreuve du marathon, qui a vécu et travaillé en Seine-Saint-Denis.

Sur sa tombe du cimetière musulman de Bobigny, une inscription, succincte et discrète: « L’Algérien Louafi Bouguera, champion olympique du marathon en 1928. Ne l’oublions pas ». Car c’est bien une authentique prouesse qu’a réalisée le 5 août 1928 cet athlète, né en 1898 à Ouled Djellal dans l’Algérie française de l’époque et arrivé en métropole en 1923.

Le 5 août 1928, ce poids plume, à la foulée aérienne, entre en effet en conquérant dans le stade d’Amsterdam. En 2h 32min 57s, il s’offre le marathon olympique, devenant alors seulement le deuxième Français à réussir cet exploit après Michel Théato (1900). Passés les honneurs du protocole, Louafi, manœuvre avant son exploit chez Renault, retourne aussitôt à ses bancs de montage.

L’exploit d’un exploité 

Marathonien d’exception Louafi Bouguera redevient très vite un homme de l’ombre.
Après son exploit, Louafi retourne à l’anonymat et travaille de nombreuses années chez Alsthom comme peintre au pistolet à Saint-Ouen d’abord, où . Il va par la suite à Stains, où après avoir été victime d’un accident de la circulation, il rejoint sa sœur Khedidja, le mari de celle-ci et les enfants du couple.

Salima, l’une de ses nièces, se souvient : « C’était un homme très gentil, un Tonton gâteau. Il ne parlait pas beaucoup de sa victoire, mais nous, les enfants, on lui posait des tas de questions. Alors, il nous racontait un peu son séjour en Amérique et les vedettes qu’il y avait rencontrées : Maurice Chevalier, Mistinguett, Johnny Weissmüller… Mais ce qu’il ne nous disait pas, c’était qu’on l’avait aussi fait courir dans des cirques. C’était pas son genre, lui c’était un coureur à pied, un vrai.. » L’homme, sans verser dans la rancœur, rentre peu à peu en lui-même.

Mais en 1956, Alain Mimoun, Français d’origine algérienne comme lui et fraîchement sacré champion olympique sur le marathon, tient absolument à l’associer à son triomphe. C’est donc accompagné d’El Ouafi qu’il se présente devant le président René Coty. « Ça l’a beaucoup touché », témoigne Zoulara, une autre des nièces de Louafi.

Le 18 octobre 1959, l’ancien marathonien meurt en même temps que sa soeur dans des circonstances troubles, tué par balles au premier étage d’un café-hôtel de la rue du Landy à Saint-Denis. En pleine guerre d’Algérie, la piste d’un règlement de comptes entre mouvements indépendantistes algériens paraît la plus crédible.

L’Observatoire des violences faites aux femmes tisse sa toile à travers le monde

Bénin, Mali, Côte d’Ivoire, Sénégal, Afrique du Sud, Brésil, Argentine, Mexique, Palestine, Comores : ce 25 novembre, elles étaient une quarantaine de femmes à avoir été invitées à l’occasion des 20e Rencontres Femmes du Monde.

Organisée par l’Observatoire des violences faites aux femmes en Seine-Saint-Denis, cette 20e rencontre est l’occasion de rappeler qu’ « une femme est tuée toutes les 11 minutes sur la planète ». Plus que jamais, il a fédérer les énergies qui partout se lèvent pour combattre cette situation.

Femmes de tous pays, unissez-vous

Ce 20e anniversaire a permis d’exprimer notre solidarité avec la Palestine en présence Mayssoun Dawoud, responsable de l’Observatoire des violences faites aux femmes de Jénine en Palestine.Ce moment a été l’occasion de rappeler que près de 70 % des victimes de la guerre à Gaza sont des femmes et des enfants.

Depuis 2021, l’observatoire séquanodionysien, qui s’est par le passé inspiré de ce qui se faisait par exemple en Espagne, a décidé d’essaimer à son tour de par le monde. En partenariat avec l’ONG Cités et Gouvernements locaux, le Département a ainsi lancé un réseau international « Pour des territoires protecteurs des femmes victimes de violences », et formé plusieurs actrices résolues à lutter contre les violences faites aux femmes. Nous avons choisi de donner la parole à plusieurs d’entre elles.

Mayssoun Dawoud, responsable de l’Observatoire des violences faites aux femmes à Jénine, Cisjordanie

« Actuellement, la guerre rend tout extrêmement dur à vivre. Les prix sont exorbitants, certains enfants n’ont pas pu manger des fruits pendant un an… Les check-points de l’armée israélienne font de notre vie un enfer. Ceux qui payent le plus lourd tribut à la guerre sont les femmes, les enfants, les personnes âgées et les pauvres. Dans ce contexte, avoir réussi à partir de 2021 à réhabiliter un centre d’hébergement d’urgence pour les femmes avec l’aide de l’Observatoire de Seine-Saint-Denis a été une aide extrêmement précieuse. Avant la guerre, il servait déjà bien : des femmes victimes de violences ont pu y être mises à l’abri et avoir un lieu pour vendre des produits de leur fabrication : des châles, des savons… Avec la guerre, c’est devenu un outil plus qu’important : ce centre permet à certaines femmes d’échapper à l’isolement ou à la violence pendant quelques heures. La bonne nouvelle est aussi que nous disposons maintenant d’un cabinet juridique qui peut donner des conseils à des femmes victimes de violences et que 15 jeunes femmes ont été récemment diplômées en droit. Professionnels de l’éducation ou de la santé, je vous demande vraiment d’aider la Palestine comme vous le pouvez… »

Rohey Malick Lowe, maire de Banjul, capitale de la Gambie

« C’est très encourageant je trouve que les populations civiles donnent le pouvoir aussi à des femmes qui connaissent toutes les difficultés qu’on peut avoir encore dans certains pays en étant une femme. A Banjul, nous sommes très fières d’avoir accueilli en janvier dernier un séminaire du réseau international de l’Observatoire des violences faites aux femmes qui a réuni 12 collectivités africaines. A Banjul, l’un des enjeux-clés est l’accès à l’eau. Car les femmes qui y ont accès peuvent cultiver ce qu’elles veulent dans leur jardin et obtenir ainsi les ressources pour avoir la liberté de dire non si elles le souhaitent. Voilà pourquoi j’ai déjà fait creuser 20 puits. Un autre axe auquel je m’attache, c’est de faire un budget qui dans tous les aspects prenne en compte l’égalité femmes-hommes. Unies, nous y arriverons. »

Lidia Rodriguez, directrice du programme Siempre Vivas à Iztapalapa, district de Mexico

« Dans notre quartier de Mexico, à Iztapalapa, nous avons choisi d’aller vers les populations pour tenter d’éradiquer les violences faites aux femmes. Nous faisons ainsi du porte-à-porte et prenons rendez-vous avec les familles. Au cours de ces rendez-vous, nous demandons leur ressenti à chacun des membres de la famille, leur parlons éducation, santé et aussi des différentes ressources qu’elles ont en cas de violences. Si des femmes reviennent pour nous signaler des violences, nous pouvons alors les mettre à l’abri dans les 16 maisons « Siempre vivas » (Toujours vivantes) que nous avons. Une autre de nos actions s’appelle « La route sans violence ». Elle est basée sur le fait que beaucoup de violences se déroulent aussi dans les transports en commun. Il s’agit donc de sensibiliser les chauffeurs pour qu’ils prennent la défense de la victime et pas de l’agresseur. Désormais, l’enjeu est d’appliquer ces démarches à l’échelle de Mexico toute entière. »

Yadira Soledad Cortès Castillo, présidente du réseau Mesa de Mujeres à Ciudad Juarez

« Entre 1993 et 2024, on parle de plus de 2 600 femmes assassinées à Ciudad Juarez. Et c’est sans compter les nombreuses disparues (liées aux réseaux de narco-trafiquants). Je suis moi-même la fille d’une femme qu’on a tenté d’assassiner et ma sœur Ivonne a été tuée à l’âge de 4 ans. Face à cette situation, notre association est à la fois dans une démarche d’hommage aux victimes, pour ne pas que leurs noms soient oubliés et de développement d’outils. En 30 ans, nous avons ainsi aidé à développer des centres de justice pour les femmes. Mais les moyens manquent : à Ciudad Juarez, le centre de justice est ainsi à 2h de route du bureau du procureur en charge de la lutte contre les violences faites aux femmes… Nous avons de l’espoir avec l’élection, le 1er octobre 2024, de la nouvelle présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum. J’aimerais tant pouvoir dire : en 2025, à Ciudad Juarez, il n’y eu aucune femme assassinée… »