Ouverture du pont Louafi Bouguera 

Après des années d’attente, L’Île-Saint-Denis a inauguré ce samedi 7 décembre un nouveau pont, qui relie désormais notre ville à celle de Saint-Denis au niveau du Village Olympique et Paralympique des Jeux de Paris 2024. Un moment historique, teinté d’émotion avec la présence de la famille de Louafi Bouguera, athlète franco-algérien du début du 20ème siècle qui a donné son nom à cet ouvrage imaginé par les architectes Thomas Lavigne et Cécilia Amor, ainsi que Brigitte Philippon et l’équipe Artelia.

Louafi Bouguera ! Son nom rend hommage au premier Franco-Algérien médaillé d’or olympique à l’épreuve du marathon, qui a vécu et travaillé en Seine-Saint-Denis.

Sur sa tombe du cimetière musulman de Bobigny, une inscription, succincte et discrète: « L’Algérien Louafi Bouguera, champion olympique du marathon en 1928. Ne l’oublions pas ». Car c’est bien une authentique prouesse qu’a réalisée le 5 août 1928 cet athlète, né en 1898 à Ouled Djellal dans l’Algérie française de l’époque et arrivé en métropole en 1923.

Le 5 août 1928, ce poids plume, à la foulée aérienne, entre en effet en conquérant dans le stade d’Amsterdam. En 2h 32min 57s, il s’offre le marathon olympique, devenant alors seulement le deuxième Français à réussir cet exploit après Michel Théato (1900). Passés les honneurs du protocole, Louafi, manœuvre avant son exploit chez Renault, retourne aussitôt à ses bancs de montage.

L’exploit d’un exploité 

Marathonien d’exception Louafi Bouguera redevient très vite un homme de l’ombre.
Après son exploit, Louafi retourne à l’anonymat et travaille de nombreuses années chez Alsthom comme peintre au pistolet à Saint-Ouen d’abord, où . Il va par la suite à Stains, où après avoir été victime d’un accident de la circulation, il rejoint sa sœur Khedidja, le mari de celle-ci et les enfants du couple.

Salima, l’une de ses nièces, se souvient : « C’était un homme très gentil, un Tonton gâteau. Il ne parlait pas beaucoup de sa victoire, mais nous, les enfants, on lui posait des tas de questions. Alors, il nous racontait un peu son séjour en Amérique et les vedettes qu’il y avait rencontrées : Maurice Chevalier, Mistinguett, Johnny Weissmüller… Mais ce qu’il ne nous disait pas, c’était qu’on l’avait aussi fait courir dans des cirques. C’était pas son genre, lui c’était un coureur à pied, un vrai.. » L’homme, sans verser dans la rancœur, rentre peu à peu en lui-même.

Mais en 1956, Alain Mimoun, Français d’origine algérienne comme lui et fraîchement sacré champion olympique sur le marathon, tient absolument à l’associer à son triomphe. C’est donc accompagné d’El Ouafi qu’il se présente devant le président René Coty. « Ça l’a beaucoup touché », témoigne Zoulara, une autre des nièces de Louafi.

Le 18 octobre 1959, l’ancien marathonien meurt en même temps que sa soeur dans des circonstances troubles, tué par balles au premier étage d’un café-hôtel de la rue du Landy à Saint-Denis. En pleine guerre d’Algérie, la piste d’un règlement de comptes entre mouvements indépendantistes algériens paraît la plus crédible.

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